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atitioua

6 février 2007

Ici ou ailleurs

Vivre ici ou vivre ailleurs, telle est la question qui se pose parfois à une tribu, à une famille, ou même à un homme isolé, une femme seule, voire un jeune chien fugueur. DSC00646r

Cette question peut être résolue de manière très terre-à-terre. Je vis là où je me nourris. C'est la réponse du bousier dans sa pâture à moutons, du requin à la sortie de la passe poissonneuse, du chat qui a trouvé la famille à kitékatte, ou encore de l'ouvrier Polonais, qui, au sortir d'un conflit mondial qui a ruiné son pays, trouve une usine là-bas, dans l'ouest de l'Europe, quelle que soit la langue du pays d'accueil.  Simplissime pragmatisme empirique né de la nécessité. Le niveau un de la conscience. Je respire, c'est déjà miraculeux,  et si je veux péréniser ma descendance, je me dois de me nourrir le mieux et le plus possible. Simple, direct, efficace, binaire.

Viennent ensuite des considérations d'ordre temporel, du type : oui, bon, d'accord si je vis ici pour le matériel, mais combien de temps ma situation sera-t-elle confortable? Vais-je pouvoir subvenir suffisamment longtemps. N'ai-je pas intérêt à vivre ailleurs, même si c'est moins bien mais peut-être plus stable pour plus longtemps? Comment vivrai-je dans 15 ou 20 ans, n'aurais-je aucun regret d'être allé là, ou resté ici, ou parti ailleurs? Les moutons qui me nourrissent aujourd'hui ne seront-ils pas emportés par une prochaine transhumance? Le poisson ne viendra-t-il pas à manquer après le passage des pêcheurs? Qui me donnera du kitékatte en juillet et en août? Et mon usine, une fois mondialisée, dans trente ans, je deviens quoi, moi qui ne parle que le Polonais et 2 mots d'étranger.

Pire, commencez donc à prendre conscience de votre environnement immédiat, de l'entourage. L'angoisse ne fait alors que croître. Comment pourrais-je rester ici, ou aller là bas, alors qu'untel est ailleurs, qu'il vit une autre expérience, qu'il rencontre des problèmes, ne peut venir me voir, pire je ne peux moi-même y aller. Je suis un monstre, c'est horrible. Je n'ai pas le droit de faire ça. Madame la culpabilisation, soyez la bienvenue, installez-vous.

Et au final, l'ultime couche qui alimente toutes les questions: les gens qui nous entourent au quotidien. Votre propre chair. Ils vous permettent de démultiplier l'interrogation, sur les thèmes décrits plus haut en autant de cas de conscience à retourner sur toutes les faces, à scruter sous tous les angles, à probabiliser dans toutes les longueurs. Et là, mes aieux, votre décision n'est pas encore faite.

Mais surtout, ne jamais oublier l'obscène luxe innommable que l'on a de pouvoir seulement se poser la question, d'avoir la chance d'avoir le choix, d'avoir un entourage pour qui s'inquiéter, des proches (des lointains devrais-je dire ?) à qui penser, des gens ici, là, ou ailleurs, qui pensent à vous et vous apprécient, même s'ils ne sont pas forcément si nombreux. Ce n'est pas l'apanage de beaucoup. Et c'est bien dommage
.


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21 décembre 2006

Le paradis sur terre, c'est pour les imbéciles

Vivre sous les cocotiers, l'été comme seule saison, toute l'année, toute la vie. Un rêve inaccessible. 

Sauf que je vis cela depuis bientôt trois ans. Alors ça y est, le paradis sur terre, enfin?

Et oui, ici pas d'impôt, un salaire que beaucoup envierait, pas de conflit guerrier ou de convoitise étrangère, pas de risque terroriste à l'horizon, pas de métro bondé non plus  - d'ailleurs pas de métro -, pas d'heures de transport stériles, d'enfants qu'on ne voit que le week-end.

Le paradis, oui... On en vit des morceaux d'antologie tous les jours. Tenez, la semaine dernière par exemple, a été réactivié le niveau rouge du plan vigipirate. Pour faire comme à Paris. Mondialisation oblige. Ici aussi, au paradis, on risque gros, on est quand même 250 000 paumés au milieu du Pacifique et en plus répartis sur 118 îles, donc on prévient, principe élémentaire de précaution. Du moins on fait comme si. 
Alors on a vu deux braves militaires fortement armés, de Famas non chargés, déambuler dans l'aéroport de la colonie, l'air grave, beau,  et donc rassurant. On ne sait jamais. Deux sacs abandonnés ont d'ailleurs été découverts. Les deux militaires ont gardé les sacs, tout en délimitant un périmètre de sécurité de 5 mètres autout de ceux-ci. Les propriétaires étourdis sont venus les chercher deux heures plus tard. Ouf, heureusement qu'on les avait nos deux militaires. Le paradis est bien gardé. Les sacs aussi.

Le paradis, oui.  Assurément, si l'on oublie le tracas du travail, les embouteillages  - tout est relatif - , la grande pauvreté qui cotoie la richesse, le coût de la vie, la pollution des lagons, le poisson qui fout le camp, l'isolement, et le mal du pays parfois. Mais comment peut-on encore regretter un pays noir et froid, avec un taux de chomage au top 3 des départements de métropole, tout en étant ici, assis dans la ouate?

C'est que la nature humaine occidentale est ainsi faite, jamais satisfaite, toujours en quête d'un autrement, d'un ailleurs, ou d'un "au lieu de", culpabilisant "grave"  à la moindre once de bonheur potentiel, englués dans une épaisse couche d' apriori  judéo chrétien. Mettez n'importe qui n'importe où et faites lui faire n'importe quoi, pourvu que ça le passionne. Et bien, le cobaye de cette expérience ne manquera probablement pas de se questionner sur ce qu'il aurait pu faire à la place, ailleurs, si le destin en avait décidé différemment, s'il avait fait d'autres études, et si, et si...
Et il cogitera, plus ou moins selon l'individu, mais il cogitera. Et sa réflexion vagabonde et vaine entâchera impertubablement la quiétude qui aurait du lui rester naturelle.

Je connais une exception à cette règle.

C'est l'imbécile heureux. Et j'entends là non pas une insulte ou un manque de respect, mais bien un titre de noblesse. C'est celui qui sait apprécier un bonheur simple sans se poser de questions, disons qu'il n'y arrive pas puisque c'est un imbécile. Et alors là, son bonheur est complet. Oui mais voilà, ce n'est pas donné à tout le monde d'être un imbécile.

Non?

On en voit ici, sous les palmiers, des gens que j'admire, et je le dis sans ironie, capables d'être heureux au simple constat que tout est prévu jusqu'au soir, qu'il n'y a pas d'ombre au tableau pour la journée qui commence. Demain? Non mais quoi demain? Ca ne m'intéresse pas, moi, puisque  je vis aujourd'hui!

A méditer.


20 décembre 2006

Atitioua


"Atitioua!", rit mon cadet de 2 ans et demi en se tirant les oreilles sans retenue, tout en apostrophant les plus grands. "Atitioua!", lui réplique son frère de 5 ans, puis sa grande soeur de 8. Atitioua, un nom inventé par eux, fédérateur de leur petit clan de jeu, propension naturelle des petits à apprécier chaque instant sans arrière pensée ni calcul.

Atitioua, c'est pour moi le symbole des bons moments que nous offrent parfois la vie, comme lorsque l'on regarde ses enfants heureux et que la pleinitude nous envahit pour 5 bonnes et longues minutes - mon record -, sans question ni angoisse rémanente, des moments de bonheur et de sérénité que l'on arrive à s'offrir quand on atteint une certaine philosophie, une appréhension positive de notre environnement ou de notre existence. Bref quand on n'arrête de penser trop vite ou trop mal, et que l'optimisme gagne.

Voilà, atitioua, c'est tout cela. la quête d'une espèce de nirvana post moderne stylisé, que l'on cherche et que l'on ne trouve que par moment furtif et toujours trop courts. Une revendication à la rallonge.

Atitioua, c'est aussi le nom de ce blog.  Une invitation philosophique sur la modernité d'aujourd'hui (ou le "has been" de demain en sorte), qui traitera de tout, pourvu que ce soit autour de réactions humaines sur tous sujets humains. On veillera sans nul doute à resserrer le débat par la suite.

"Atitioua!"


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